Polynésie - Juillet2015



Sam.11/Dim12 juillet
En route pour le Pacifique. Réunion – Maurice (où la bière pression est outrageusement chère à l’aéroport) –Perth avec une escale de 10h le dimanche, on prend le bus pour aller trainer au centre-ville de Perth, d’où l’on prend finalement le train/métro pour aller se poser dans un café de la rue touristique du port de Fremantle, rue que semble apprécier quelques bikers du dimanche en Harley que l’on voit passer à plusieurs reprises dans un sens puis dans l’autre, ce n’est pourtant pas l’espace qui manque en Australie… On repart sur la confortable Air New Zealand pour Auckland, puis vol NZ 40 qui part le lundi matin pour arriver à Tahiti le dimanche après-midi par le miracle rajeunissant du passage de la ligne de changement de date, située au milieu du Pacifique. Dernier petit vol sur Air Tahiti pour rejoindre l’ile de Raiatea (la « capitale » des Iles sous le vent) où Pascale va pour le boulot (et moi par pure solidarité de couple hein).

Dim12-Dim19 juillet (Raiatea) Le dimanche soir, on est hébergé provisoirement chez Timeri, au matin, un cheval s’abreuve dans le ruisseau qui borde sa maison, à l’ombre des arbres à pain, cocotiers et de la végétation luxuriante, on n’est pas aux Marquises mais l’esprit de Gauguin n’est pas loin.
Uturoa, le chef lieu est dominé par le mont Tapioi et ses deux grandes antennes, un large sentier y mène en moins d’une heure et offre un beau point de vue sur le nord de Raiatea et sur l’ile de Tahaa (« l’ile vanille ») au Nord et qui partage le même lagon. Plus loin, au N-O, on voit la silhouette facilement reconnaissable de Bora Bora, et à l’Est l’ile de Huahine.
Le lundi soir on s’installe pour la semaine à la pension Manava. L’hiver austral est ici bien moins frais qu’à La Réunion, et comme chez nous il est normalement synonyme de saison sèche, mais cette semaine on va avoir des passages pluvieux presque tous les jours.
Au S-E de Raiatea se trouve le marae Taputapuatea, les marae étaient dans la culture polynésienne des sites religieux et politiques importants avant l’arrivée des Européens, ce sont des esplanades de blocs de coraux et de roches, celui de Taputapuatea est d’une importance particulière car il était considéré comme le site originel de la mythologie polynésienne par toutes les iles du triangle polynésien, Nouvelle Zelande – Hawai – Ile de Pâques, qui venaient régulièrement dans leurs grandes pirogues pour des cérémonies sur ce grand marae (avec des sacrifices humains apparemment…). Les chefs d’alors avaient divisé leur monde en deux camps, le coté clair et le coté sombre (« Luke, je suis ton père »).
[Aux temps anciens, il existait plusieurs réseaux d’alliance entre îles ou groupement d’îles dans la Polynésie orientale.L’un de ces réseaux d’îles avait pour siège le marae Taputapuatea, plaçant ce dernier au cœur d’une grande « Alliance amicale » entre les îles composant Te Ao Uri no te Faatau Aroha (trad. « Pays sombre de l’Alliance amicale » : Raiatea, Huahine, Tahiti et ses dépendantes, Maiao, Iles Australes) et ceux composant Te Ao Tea no te Faatau Aroha (trad. « Pays clairs de l’alliance amicale» : Tahaa, Bora Bora, Iles Cook, Rotuma, Aotearoa). La tradition orale raconte qu’un meurtre commis par le représentant des pays du côté clair, Paòa-Tea, surla personne du représentant des pays du côté sombre Paòa-Uri, fut à l’origine de l’éclatement de cette alliance amicale et d’un Tapu (trad. Tabou) ancestral à l’encontre de tous les résidents des îles composant l’ancienne alliance Te Ao Tea no te Faatau Aroha qui les a privés du droit de fouler de nouveau le marae Taputapuatea, pourtant devenu « international ».]


Le 13 juillet au soir on est invités dans les jardins de l’administrateur des iles sous le vent, l’équivalent d’un sous-préfet,  une garden-party quoi, mais sans le faste d’une fantasmée réception de l’ambassadeur, c’est très décontracté et bon enfant, à la tahitienne. Guy, un des principaux planteurs de vanille de Raiatea, très sympa, nous approvisionne régulièrement en cannettes de bière. Le 14 juillet c’est jour de défilé, mais ici oubliez le coté martial des Champs-Elysées, des groupes très colorés et variés se succèdent dans la zone du Heiva : associations sportives avec leurs pirogues, leurs vélos, troupes de danse, associations de quartier, ... derrière de superbes chars végétaux. Le mois de juillet est un bon mois pour visiter la Polynésie puisque c’est le mois des Heiva, sortes de festivals/kermesses organisés dans chaque commune avec des concours de danse tahitienne (une véritable institution en Polynésie), de chant, des sports traditionnels (courses de pirogues, cueillette et décorticage des cocos, porter de fruits ou de pierres, …). Pour l’occasion un véritable village éphémère en palmes et végétaux sort de terre autour d’un site accueillant les spectacles.





J’accompagne par moments Pascale dans ses visites de vanilleraies et je constate qu’il y a des arbres à pain (uru en tahitien, arbre originaire de Polynésie) avec des feuilles différentes de celles de chez nous, et l’on m’explique qu’il existe des dizaines de variété d’arbres à pain, les voyages forment la jeunesse (et les quarantenaires…). La brasserie Hinano a même produit une bière « Pia Uru » utilisant du fruit à pain comme ingrédient, pas mauvaise si l’on fait abstraction de l’odeur un peu sucrée.


On passe une journée  sur Tahaa, l’ile sœur de Raiatea, où l’on assiste au marché des producteurs de vanille, les planteurs et acheteurs/préparateurs se réunissent pour fixer les prix et contrôler la qualité des vanilles vertes. La porte-parole des planteurs réclame un prix d’achat de 12000 Francs Pacifique (ce qui est plutôt élevé mais la production étant moindre que les années passées, les cours montent), les acheteurs refusent, trouvent le prix abusif (mais ils n’ont semble-t-il pas vraiment le choix). Après une demi-heure de regards courroucés, de messes-basses et de diatribes, un acheteur propose 11000 FP et tout le monde retrouve le sourire et se serre la main, les sacs de vanille vertes s’échangent contre de grosses liasses et les acheteurs repartent sur leurs bateaux rapides.


Le Tiare Apetahi est une fleur endémique de Raiatea qu’on ne trouve que sur le plateau Temehani qui en était autrefois couvert, la fleur était autrefois réservée aux aristocrates. La création de pistes 4x4 et une collecte intensive des fleurs en ont fait une plante menacée d’extinction car elle est très fragile et croît très lentement. Elle est aujourd’hui protégée et Thierry Laroche, guide de Raiatea, nous emmène sur les superbes sentiers de randonnée, à la découverte de la mythique fleur après une petite halte au bassin de la reine, en dessous duquel nagent trois grosses anguilles.




 
Samedi 15 juillet, nous louons un petit bateau (moteur 15ch) pour aller sur les motus (ilots qui forment la bordure du lagon) à l’Est de Tahaa, le ciel est à peu près dégagé et les ilots sont magnifiques, on est dans la carte postale. Le motu Ceran (à l’Est de Tahaa) est aménagé et le proprio de l’ilot, très sympa, nous explique qu’il organise parfois des soirées le w-e en faisant venir des DJs de Tahiti, et là on se prend à rêver de concerts rock sur ce petit paradis. Au retour, on se fait offrir un café sur le Motu Atger qui abrite une pension puis on se fait surprendre par un grain au milieu du trajet retour, ce qui signifie navigation à l’aveugle, puisqu’on ne voit plus les iles, au milieu des patates du lagon. Le ciel se dégage pour notre arrivée sur Uturoa, auréolée d’un arc-en ciel.










Dim19-Ven24juillet(Tahiti-Maupiti) On passe quelques jours chez Steph et Elise dans leur case avec piscine et vue sur Moorea à boire de très bons cocktails qu’Elise nous prépare. On a ramené un cubi de rhum agricole Isautier, vaut mieux prévoir des réserves, l’alcool est très cher en Polynésie. Le 21 juillet le journal local La Dépêche de Tahiti fait une page sur le projet sur la vanille pour lequel Pascale est là et elle a droit à sa photo avec interview, une célébrité locale, mais à l’aéroport et à Maupiti où on va passer quelques jours il faut croire que personne ne lit le journal … Maupiti est une ile « sous le vent » à l’Ouest de Bora Bora au sujet de laquelle tout le monde nous dit du bien (à raison). Une petite ile haute (hauteur 380m) au milieu d’un lagon bordé de motus. L"aéroport est sur un des motus.




Il n’y a que des pensions sur l’ile, pas d’hôtel, le maire a consulté les habitants par référendum quand un hôtel a voulu s’installer et ils ont rejeté le projet, c’est le village gaulois de Polynésie. La superbe plage de Tereia à l’Ouest fait face au motu Auira que l’on peut rejoindre à pied en un quart d’heure avec de l’eau jusqu’à la taille.




On fait une sortie bateau avec Sammy, PMT avec les raies mantas mais l’eau est trouble suite à la houle qui s’est levée et qu’on voit se briser sur la barrière et piquenique sur le motu Pitiahe qui borde l’unique passe étroite du lagon, devenue quasiment infranchissable avec les vagues. Petit cours de tressage de plats en palmes de coco, le mien est plutôt raté… puis orgie de poissons et de pain coco cuit sur la braise.









On passe une soirée au Heiva de Maupiti, presque mieux que celui de Raiatea, avec une salle verte de billards, une de baby-foot et même un petit night-club.

Un sentier grimpe sec (1h) jusqu’au mont Teurafaatiu (380m) avec des passages en varappe sur la fin. Superbe vue sur l’ile et le lagon, on peut distinguer la silhouette de Bora Bora au loin à l’Est.



Le jeudi c’est fête pour les touristes au heiva avec un four tahitien (porc, poisson, bananes, fruits à pain, … cuits à l’étouffée sous la terre pendant des heures) et surtout il y a les jeux, un peu comme les Highland games mais en version tropicalisée, porter de fruits, javelots (auquel je participe sans grand succés), porter de pierres (ça commence gentiment à 25kg pour finir avec une roche de 137 kg ! C’est difficile de résister à l’appel du galet mais je m’abstiens, je ne tiens pas à finir les vacances avec un tour de rein ni à me ridiculiser), décorticage de coco pour les locaux et spectacle de danse de la troupe locale pour finir.







Et c’est fini, l’ile est petite mais on serait bien resté beaucoup plus longtemps.
 
Ven24-Mar28 (Tahiti-Moorea) Retour chez Steph, Elise et leurs marmailles et on prend le ferry pour Moorea, l’ile qui fait face à Papeete, et c’est dépaysant : de belles plages, de l’espace et peu de monde, on comprend que des personnes choisissent d’habiter là et aillent travailler à Tahiti en prenant le ferry matin et soir. On a pris une chambre au joli hôtel Les Tipaniers depuis le bar duquel il est plaisant de siroter un verre en observant le coucher de soleil, la routine polynésienne…


Plongée avec requin citron, requin pointe noire, tortue, etc., mais les coraux manquent de couleur.




L’intérieur de l’ile est montagneux et très vert, de grands arbres entourent des anciens marae, au lycée agricole on achète de la confiture de fleur de tiaré.


Retour à Tahiti pour une dernière soirée avant le départ. Merci Steph, Elise, Nadia, Tom, Vatea, Sam, et à bientôt j’espère (et que personne ne prononce le mot tabou qui commence par an…et finit par …lle).
(et pis faut que je revienne pour travailler le salut polynésien avec sourire)