1er mai 2011 Afrique du Sud - Fin

Retour à l’aéroport après un mois, on rend la petite Chevrolet et retour à la case par Air Austral.

29 avril

Ce soir concert au Cool Runnings de Fourways (http://www.coolrunnings.co.za), les Cool Runnings forment une chaine de bars, offrant normalement une ambiance plutôt rasta-caraïbes en accord avec leur nom, mais celui de Fourways à Johannesburg est un nid de rockeurs, un chouette endroit ou on peut manger (et boire bien sûr), il y a même un grand espace extérieur, avec un feu sous les étoiles, où on pourrait presque se croire dans le bush malgré l’immédiat voisinage du périphérique et d’un centre commercial. Ce soir Shortstraw, City Bowl Mizers et Desmond and the Tutus (http://desmondandthetutus.blogspot.com), ces derniers n’ont pas seulement un nom très rigolo, ils font un rock qui défouraille et le public réagit au quart de tour et semble connaitre les paroles par cœur même si le chanteur semble parfois éructer en yaourt à nos oreilles de froggies. Regardez donc leur chouette clip « Peter » : (http://www.youtube.com/watch?v=xqyO8s9qpLo).
Dans l’excellent Mail and Guardian, journal hebdomadaire qui sort tous les vendredis, on trouve une photo de Purity, la chanteuse des Fruits and Veggies sur la scène du Splashy Fen, un journaliste a écrit un papier sur le Festival qui est à l'unisson de nos propres impressions : http://mg.co.za/article/2011-05-03-making-waves

28 avril

Remontée sur Johannesburg où il fait froid comme nous le craignions. Il y a un concert de 3 groupes rock au Tanz Cafe (http://www.tanzcafe.co.za), un café concert restaurant au 1er étage d’un centre commercial, l’escalier d’accès est tapissé d’affiches de concerts rock, ou peut-être pop et blues en fait. C’est une grande salle façon cabaret classe avec tables, nappes et serveurs qui laissent très peu de place devant la scène… Le pogo ne doit pas faire partie des mœurs du lieu. Il n’y a pas d’affiche pour les groupes de ce soir, trop alternatifs sans doute : Colombus, jeunes gens sympathiques, probablement fans des Kings of Leon, Dead Alphabet aux accents jimmorrissoniens et Shadowclub (http://www.myspace.com/theshadowclub) dont seuls deux musiciens sur trois étaient présents, ce qui ne les a pas empêché d’offrir un concert pêchu (les deux m’ont rappelé Matt Firehair des Washington Dead Cats, énergie, gestuelle, etc.)

25/26/27 avril

Tout le monde plie la tente, l’immense village de toile s’évapore et une longue traine de poussière marque la piste rejoignant Underberg. Direction Petermaritzburg, puis Durban le 26 avril à la recherche d’un peu de chaleur.
A Durban, balade au Moses Mabhida Stadium qui semble être devenu le nouvel emblème de Durban, c’est vrai qu’il est gigantesque et est devenu une des principales attractions touristiques de la ville. Petit tour dans Florida Road, la rue des bars et restos, en haut de laquelle se trouve une terrasse sur laquelle donne un bar, un resto-snack indien, un salon de thé et une toute petite librairie d’occasion ou j’achète quelques livres pensant que le pauvre bouquiniste doit avoir bien du mal à préserver ce petit havre de culture au sein de la rue branchée de Durban. En discutant un peu avec lui, j’apprends qu’en fait il possède tous les commerces du bloc, et continue son activité de bouquiniste pour le plaisir, les autres commerces lui rapportant bien assez. Le lieu est très sympa avec sa terrasse commune et le proprio nous vante son « House of Curries » et effectivement on y mange bien et pas cher, je mange là un bunny chow, plat indien typique de Durban qui consiste en un curry remplissant un pain de mie évidé de cette dernière, voila de quoi colmater la plus insatiable faim.

24 avril 4e jour Splashy Fen Festival

La fièvre du samedi soir ayant frappé fort hier, le dimanche s'annonce calme et gueuledeboisé, quel confort finalement ces fins matelas de mousse sous la tente. Un bon café capuccino (si, si, on trouve même ça sur quelques stands) et nous voila parti pour la dernière journée du festival. En fin d’après-midi on voit Thomas Krane (http://www.facebook.com/thomaskrane), le groupe de Dan, le patron du Unit 11 et Hruki records de Durban (ce sont d’ailleurs eux qui tiennent le stand « merch » des groupes), une très belle  folk pop dont on avait eu un aperçu à Durban. A 19h The Sunday Punchers (http://www.thepunchers.com) envoient leur celtic folk punk à la Pogues et mon verre et mon estomac se remettent en mode houblon pour la soirée. On revoit le chanteur de Car Boot Vendors dans son autre groupe : Sibling Rivalry (http://www.myspace.com/siblingrivalrysa), très bon.

23 avril 3e jour Splashy Fen Festival

Il fait un temps superbe depuis le début, les flaques de boue qu’il y avait à notre arrivée sèchent et les bottes de caoutchouc (gumboots) que de nombreux festivaliers portent et qui semblent être un objet emblématique des festivals Splashy Fen ne feront pas partie de nos achats. On va piqueniquer au bord de la rivière qui sinue en bordure du site, de nombreux festivaliers bronzent sur le gazon, se baignent (brrr…), quelqu’un a même installé une petite tyrolienne et des pontons faits de troncs assemblés, tout cela est très bucolique et rafraichissant.
Sur la petite scène en début de soirée on voit les Fruits and Veggies (http://www.facebook.com/pages/Fruits-Veggies/79335485728), un groupe qui se définit comme « afropunkreggae » et là on se prend une claque, la chanteuse a une énergie incroyable et le groupe déchaine le public, Pascale réalise que la chanteuse est Purity, la fille avec laquelle elle a sympathisé autour d’un feu dans la nuit de jeudi à vendredi. Bon sang, voila un groupe qu’il faut faire venir à La Réunion, on en parlera même avec la chanteuse après le concert et ce projet semble lui plaire, on en reparlera après la fièvre du festival. Le chanteur du groupe Car Boot Vendors  (http://www.myspace.com/thecarbootvendors) qui suit Fruits and Veggies est de leurs amis, il participe même à leur dernière chanson, le groupe se définit comme folk punk et fait un super concert, plein d’énergie. Ces deux groupes de Durban sont vraiment originaux, ils ont la patate et n’ont pas cette attitude de poseurs qui semble contaminer de nombreux groupes ici.

Sur la grande scène on verra The Rudimentals (http://rudimentals.co.za), LE groupe ska sudaf, ils sont un peu comme des Skatalites locaux, en moins ancien quand même.
Après moult bières bues dans les géniaux gobelets  à poignées empilables qui permettent d’en porter plusieurs d’une seule main, la soirée finira autour d’un grand feu avec des percus sympas mais le public, majoritairement blanc, reste plutôt collé au feu et se déhanche peu, heureusement Pascale et Purity sont là.

22 avril 2e jour Splashy Fen Festival

Le vendredi on est un peu éteint, la veille notre première soirée au Splashy Fen s’est terminée tard après les concerts autour de divers feux et spiritueux qui réchauffaient divers groupes (la nuit il fait un froid polaire), des afrikaners plus ou moins sympas, un contrebassiste et ses potes musiciens, un groupe de mecs de la sécu ayant fini leur service et très sympas, un de leurs responsables, d’origine indienne pourvoyant discrètement et généreusement de la dagga, la beuh locale…
Vendredi soir donc, on va voir sur la grande scène un groupe connu dans la région qui porte un nom génial : The Hairy Legged Lentil Eaters, des musiciens plus tout jeunes qui font du country folk, c’est sympa avec un look un peu cajun mais sans la patate du bayou.

On se force à rester jusqu’à 22h pour voir les groupes de la petite scène mais on n’accroche pas, les groupes ne sont pas assez pêchus ou on est trop fatigués. Finalement la vraie découverte de la soirée sera le Potjie Palace, un stand de nourriture ou on sert évidemment des « potjie » (prononcez poïki), le potjie est en fait la marmite à trois pieds qu’utilisaient les trekkers afrikaners dans laquelle on fait mijoter du ragout sur les braises pendant des heures et c’est excellent, je crois qu’on a trouvé notre cantine pour le festival. (http://potjiepalace.co.za/about/)

21 avril Splashy Fen Festival

En compagnie de Florent on bourre la bagnole avec l’attirail de camping qu’il nous a dégotté, on fait quelques courses, on s’arrête dans un café avant de prendre la route pour Underberg, qui comme sans nom l’indique se trouve au pied du Drakensberg Sud, à 200 bornes de PMB. Arrivés à Underberg, village de campagne, aucun panneau indiquant le festival… On suit donc les bagnoles pleines de matériel de camping comme nous et nous arrivons effectivement sur le site sans voir un seul panneau, les panneaux ont-ils été volés ou le festival est-il tellement connu qu’ils ne s’embêtent même plus à mettre une signalisation ? Nous avons tellement trainé que nous arrivons bien sûr à la tombée de la nuit. Il faut passer un petit pont sur une jolie petite rivière et on arrive dans l’immense zone de camping, on gare son véhicule et on pose sa tente à coté, c’est un peu le foutoir. Notre campement français est bien ridicule entouré de sud-africains, pratiquants assidus du plein-air qui installent de vrais camps de base avec tente-salon, cuisine, douche, tables et chaises, frigo-glacières, etc…

La nuit est tombée, le festival est déjà commencé, on entend le son des concerts au loin, let's go…C’est parti pour quatre jours de festival.
L’espace est immense, il y a deux scènes sous de grands chapiteaux qui abritent la scène ET le public, le chapiteau de la grande scène (Grant Erskine Marquee) est immense, je n’en ai jamais vu d’aussi grand, les deux gigantesques bars sont aussi sous chapiteau et il y a des dizaines de stands qui proposent à manger. Il y a plein de toilettes où il n’y a pratiquement jamais de queue (ça change des grands festivals en France où c’est l’enfer sur ce plan). La grande scène passe les groupes plutôt connus ou plus grand public disons et les groupes country, blues qui semblent être la marque de fabrique du festival, mais la seconde scène, plus petite (Splashy Fen Marquee) semble être dévolue aux groupes alternatifs, indés et notre première soirée me fait oublier mes craintes d’un Woodstock baba cool ou je devrais trinquer tous les soirs avec des vieux tatoués déplumés ayant des surnoms apaches. Ca dépote grave et l’alcool coule à flots pendant les pogos joyeux devant des groupes bien tata poum (Kissed by Katie, Nonchalant, The Otherwise,…).

20 avril Port Alfred-Pietermaritzburg / GQUZU-GINQI

Aujourd’hui nous effectuons probablement notre trajet le plus long, 750 km à travers les routes tortueuses de l’ancien Transkei, nous mettons plus de 10 h pour rejoindre Pietermaritzburg ou nous reprenons avec plaisir une chambre au 312 Prince Alfred Street ou les afghans d’Andre squattent toujours les fauteuils du salon.











A Pietermaritzburg promenez-vous donc dans les jardins botaniques, les sentiers que l’on emprunte pour une petite balade se révèlent être des sentiers de randonnée en forêt dont on se demande quand on verra la fin avec l’angoisse d’avoir oublié ses petits cailloux blancs. Et surtout partez à la recherche de la plaque d’information géologique qui va exciter votre âme de globe-rockeurs en vous révélant la traduction littérale de rock’n roll en zoulou : « GQUZU-GINQI ».

19 avril Addo Elephant National Park

Le 19 avril sera The Day of the Jackal, puisque nous croisons deux chacals dans la matinée et un autre l’après-midi, le chacal semble donc être un animal diurne et contrairement aux idées négatives liés à son nom, ce canidé à une tête plutôt sympathique, on l’embarquerait bien. Nous croisons aussi bien sûr des éléphants, des zèbres, des buffles (l’animal le plus dangereux pour l’homme apparemment, il fait d’ailleurs partie des Big Five : éléphant, buffle, lion, guépard, rhinocéros), …
 



Le soir du 19 nous dormons à Port Alfred, port de plaisance, maisons cossues et un grand pub face à la mer, la ville est une des destinations favorites des étudiants de Grahamstown, à moins d'une heure de route.

18 avril Grahamstown - Addo

Nous décidons d'aller jusqu'au "Addo Elephant¨National Park" pour une dernière immersion dans la vie sauvage avant de faire demi-tour et de revenir vers Pietermaritzburg.
http://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=fr&msa=0&msid=202052530394387235075.0004a29dd8d1e38f51fae&z=6

17 avril Grahamstown

Je viens de finir La Ligne de front de Jean Rolin, récit de voyage en Afrique Australe en 1987, et cela me confirme dans mon opinion : J.R. est le meilleur auteur de récit de voyages vivant. Ce n’est pas bien mais je ne résisterais pas au plaisir facile de la citation :
« Il y a deux choses également absurdes dans un voyage dont le projet et le tracé n’obéissent à aucune nécessité impérieuse, c’est le début et la fin. Entre-temps, on peut toujours se dire que l’on relie ces deux points, et les difficultés de toutes sortes auxquelles se heurte la réalisation d’une entreprise aussi simple dans son principe lui confèrent jour après jour une légitimité provisoire, sans doute, et volatile, mais suffisante, au moins pour un esprit relativement peu exigeant, enclin à considérer par exemple que l’existence d’une roue se justifie par le fait qu’elle tourne. Mais par où commencer, et pourquoi s’arrêter là plutôt qu’ailleurs ? »
Pour notre part, nous en sommes au mitan de notre séjour, il va falloir choisir ce que nous faisons désormais, il y a deux options pour le w-e suivant (de Pâques), continuer vers le Cap et participer au festival « Rock the River » [www.rocktheriversa.co.za] qui a l’air bien rock, ou remonter vers le KZN vers le « Splashy Fen Festival » [www.splashyfen.co.za], vieux festival à la réputation plus country, « soft ». Nous nous décidons pour le Splashy Fen parce que plus on descend, plus il fait froid et ça commence à bien faire, et surtout, Florent à Pietermaritzburg veut aussi faire un festival et il a réussi à trouver des tentes et des sacs de couchage, ce qui simplifie beaucoup la logistique et ses amis locaux lui conseillent de faire le Splashy Fen qui est quand même devenu une institution ici, c’est le « Woodstock » local. Va donc pour le festival au pied du sud Drakensberg malgré une vague appréhension lorsque font irruption dans mon cerveau reptilien des images cauchemardesques me représentant entouré de barbus flower power dans des effluves d’encens.

16 avril Grahamstown

Il y a un concert de rock ce soir au Slipstream Sportsbar, encore un bar avec scène et toit-terrasse, quelques personnes plus toutes jeunes jouent au billard face au comptoir, probablement les vrais habitués du bar, qui ce soir est plein de jeunes étudiants venus pour le concert, un des vieux finira la soirée vêtu d’un uniforme qui ne semble pas de pacotille, nostalgie du bon vieux temps ou on savait qui étaient les maitres ? J’évite soigneusement la proximité ou le regard des anciens afin d’éviter toute discussion laborieuse puisque mon âge devrait plutôt me catégoriser parmi les amateurs de queues et boules que parmi les fans  de rock. Le premier groupe qui n’était pas sur l’affiche semble être de Grahamstown, vient ensuite Dance You’re on Fire qui font une tournée dans tout le pays pour la sortie de leur album et semblent se porter en haute estime, ils tirent un peu la gueule et houspillent l’ingé-son au début parce que le son n’est pas assez bon, le groupe fait une pause, le temps pour le bassiste d’aller chercher son propre ampli. Les premiers morceaux ont la pèche, puis ils annoncent que les morceaux suivants sont ceux du nouvel album et il semble alors être temps pour nous de commander une nouvelle tournée de bières et d’apprécier l’ambiance du toit-terrasse. Southern Gipsey Queen finit la soirée, des musiciens sympathiques, une jolie chanteuse, et une musique entrainante qui ne pèche pas par excès d’originalité.

16 avril Kwandwe Game Reserve

On va faire un tour en Chevrolet vers le nord de Grahamstown, un portail gardé ferme l’accès de la Kwandwe Game Reserve mais la route qui traverse la réserve est une route publique, on a donc le droit de l’emprunter, il est juste interdit de prendre les pistes transversales privées, on a droit ainsi en une heure de route au spectacle de zèbres, girafes, un éléphant et juste à la sortie, « Ingonyama ! », une famille de 4 lions se repaissant d’une carcasse à moins de 20 mètres de nous ; protégés par une clôture et c’est tant mieux car papa lion ne semble pas vouloir partager sa barbaque avec des étrangers.



14 avril Grahamstown

Grahamstown ressemble à une grosse bourgade de province britannique, elle était pourtant autrefois la 2e plus grande ville de la colonie du Cap, elle est au cœur du « Frontier Country », c'est-à-dire dans une zone où se sont affrontés Boers, Xhosas et Britanniques lors de l’expansion coloniale.
Grahamstown est une ville universitaire plutôt agréable qui accueille Rhodes University, vieil établissement de langue anglaise qui ressemble à l’image qu’on se fait d’une vieille université anglaise, la ville est aussi jalonnée de « Colleges » réputés, des lycées privés.
Nous retrouvons là un embryon de colonie d’universitaires réunionnais, on va fêter ça au Rat and Parrot, un grand pub anglais avec plusieurs salles, un étage, un beer garden et un bon choix de bières sudaf à la pression, en pintes, des bières confuses et des souvenirs mousseux le lendemain au réveil, tardif.

13 avril Port St John – Cintsa

Nous reprenons la route pour descendre la Wild Coast, il faut reprendre par l’intérieur, il n’y a pas de route le long de la « Côte Sauvage », ceci expliquant sans doute cela. Nous nous arrêtons à Cintsa, pas loin d’East London,  dans un backpackers isolé, le Buccaneers, proposant des chambres et un bar assez animé, avec même des concerts occasionnellement, à deux pas d’une immense plage bordée de grandes dunes, des cavaliers et des surfeurs rares ajoutent au cachet du lieu, mais ici l’eau de l’Océan Indien est beaucoup plus glaciale qu’à Durban, l’équitation ça doit être sympa. On peut aussi canoer et remonter la rivière depuis l’estuaire.

12 avril PSJ - Pendant ce temps au Swaziland

A la lecture des journaux locaux je constate que le vent de révolte qui agite le nord du continent semble avoir soufflé jusqu’au Swaziland, dernière monarchie absolue d’Afrique subsaharienne, pays jusqu’alors engourdi dans son respect des traditions et du roi. Les manifestations prévues par les syndicats et l’opposition démocratique ont bien sur été interdites parce qu’elles ne respectent pas « les règles en vigueur », des check-points militaro-policiers couvrent le pays et de nombreux leaders opposants sont arrêtés et harcelés s’ils ne sont pas en exil, le régime swazi montre son vrai visage qui n’est pas celui d’une monarchie bonhomme. Le (jeune) roi est pourtant un despote éclairé, il y a quelques années, pour faire face à l’épidémie de sida il a décrété pour toutes les jeunes filles du royaume une interdiction de rapports sexuels, lui-même n’étant pas concerné évidemment puisque deux mois plus tard il épousait une jeune fille de 17 ans, le pays est sans doute le champion de la polygamie dans le monde, le roi a déjà plus de 10 épouses mais il a encore de la marge pour égaler son père qui a laissé 120 veuves officielles. Ceci dit le président sud africain, un zoulou, a lui aussi plusieurs épouses suivant la tradition de son ethnie et est fiancée à une princesse swazie, des mauvaises langues prétendent que cela peut expliquer le silence prudent des autorités sud africaines face aux évènements dans le petit pays voisin, heureusement les syndicats et partis d’Afrique du Sud soutiennent les réformateurs swazis.

Mais tout cela est assez lointain, après tout, il en faudra plus pour me couper l'appétit ; à Port St Johns, le N.E.W.S. est un excellent petit restaurant, j'y commande mon premier "eisbein" (jarret de porc) du séjour et il est délicieux, tendre au coeur et la couenne croustillante comme des gratons... yummy

11 Avril Durban-Port St Johns par la R61

On rentre dans le Transkei, un ancien bantoustan, donc une région assez pauvre. Les petites maisons sont peintes de couleurs fluo délavées, apportant un peu de gaité dans cette région vallonnée plutôt aride. Port St Johns, 3000 habitants, sur la bien-nommée Wild Coast, assez isolée, est nichée dans l’estuaire de la Umzimvubu River qui forme une gorge offrant une vue grandiose à l’arrivée, entourée de forêt subtropicale. Les sud-africains aiment venir s’y mettre au vert et la population fait plus que doubler en haute saison, mais la 1st Beach dans l’embouchure est peu engageante, et l’eau de la 2d Beach, à 4 km entre deux pointes rocheuses, est elle aussi sérieusement troublée par les rejets boueux du fleuve après les pluies, et très houleuse. Pas vraiment l’image qu’on se fait d’une station balnéaire.
Le backpackers Jungle Monkey a une jolie vue et un bar sympa agrémenté d'une petite scène où trone une batterie, des zicos du coin ou parfois d'ailleurs viennent jouer là.

DURBAN Unit 11 + Burn

De nombreuses rues de Durban ont été renommées, ce qui prête souvent à confusion. Le charme des noms des héros de l’émancipation sud-africaine requiert un certain effort pour un esprit accoutumé aux noms européens mais la municipalité n’oublie pas les révolutionnaires du monde entier, ainsi Moore st. est devenue Che Guevara st.
Dans Matthews Meyima Rd (ex Stamford Hill Rd) une petite ruelle pénètre dans un bloc d’anciens bâtiments aux grandes baies vitrées, d’anciens ateliers textiles semble-t-il. C’est là, dans un grand entresol, que se trouve le bar Unit 11 (www.unit11.co.za), un bar concert alternatif, arty et plutôt branché rock folk, Dan le patron et sa sœur designeuse, ont aussi un label, Hruki (http://www.hruki.com/), qui propose des packs tee-shirt + CD des groupes locaux qui leur plaisent. Ce soir là, deux joueurs au look improbable, pantalon fuseau, pull anglais et une moustache, jouaient une musique folk acoustique tout aussi improbable, je me demande encore si le concept n’était pas de jouer limite faux et de passer plus de temps à s’accorder pour un morceau qu’à le jouer. Heureusement Dan et sa sœur ont pris la suite pour quelques morceaux avec en final une géniale reprise folk de Where Is My Mind.

Le Burn est dans Wall St à quelques centaines de mètres du Unit 11, il a paraît-il déménagé suite à un incendie, d’où le nom. Il est situé au 3ème étage d’un ancien entrepôt, auquel on accède par une cage d’escalier que l’on gravit dans la pénombre en souhaitant que ce genre d’incident ne se reproduise pas. Les flammes de l’enfer décorant le lieu sont en adéquation avec sa population gothique et son gros son métal. Le bar, assez spacieux pour abriter des hordes de headbangers, donne sur un immense toit terrasse avec vue panoramique sur Durban by night. C’est aussi une salle de concerts qui ont lieu, eux, au 2ème étage.

8-10 avril Durban

Il y a pas mal d’années de ça, Durban nous avait laissé l’impression d’une ville un peu sale, peu sûre, sur le déclin. Et là nous découvrons une ville rutilante, rénovée, pimpante. Le front de mer correspondrait à l’image qu’on pourrait se faire d’une Floride de carte postale. The Point, le quartier de la pointe sud du port de Durban, où je me souviens avoir cherché vainement un pub autrefois, dans un décor de docks abandonnés et de parfait coupe-gorge, abrite aujourd’hui des immeubles neufs et le Ushaka Marine World, un parc à thème marin avec des faux lagons où évoluent requins et plongeurs, des dauphins, pingouins, toboggans, … et, échoué au milieu, un immense cargo steamship reconstitué avec dans sa soute un aquarium à requin et des restaurants où quelques tables à proximité des vitres vous permettent de diner à quelques mètres de ces sympathiques poissons. Il n’y a pas de requin au menu.

7 avril PMB

André s’occupe du backpackers « 312 Prince Alfred street », une vieille maison victorienne avec des chambres très coquettes à un prix très abordable. André est un Afrikaner originaire de PMB à l’esprit très ouvert qui saura conseiller les meilleurs endroits de la ville et racontera, avec sans doute une pointe de nostalgie mais sans aigreur, ses souvenirs de la ville et de la maison à laquelle il reste très attaché même s’il a voyagé et vécu à l’étranger et trouve que la ville est moins vivante et agréable que celle qui correspond à ses souvenirs d’étudiant bohème.

6 avril The red Door (PMB)

A Pietermaritzburg, the Red Door (Quarry Rd, off Victoria Rd) est un bar comme on les aime, une petite rue bordée d’entrepôts, un panneau the Red Door à peine visible, un escalier métallique extérieur mène au premier étage du bâtiment où une grande salle abrite une scène, un grand comptoir, des billards et une nuée de vinyles suspendus au plafond, un passage au fond donne sur un vaste toit terrasse. Tout cela noyé sous une bande-son rock, à fond bien sûr.

5 avril Parc Royal Natal - Pietermaritzburg

Le gigantesque « amphithéatre » naturel du Nord Drakensberg se trouve dans le Royal Natal Park. Des bandes de babouins trainent sur la route et exhibent leur cul rouge, interdiction de les nourrir sinon pan-pan. On prend le sentier vers les Tiger Falls. Il n’y a pas de tigre en Afrique, encore l’héritage d’un colon britannique nostalgique des Indes ? Le sentier longe des bassins et rapides, « the cascades » avant de grimper assez abruptement sans pitié pour les mollets jusqu’au Look Out Rock  et de rejoindre les Tiger Falls dont le rideau d’eau cache une assez profonde grotte qui semble droit sortie, il est vrai, d’un récit Kiplingien.


Pietermaritzburg (PMB) est la capitale administrative du Kwazulu Natal (KZN). Notre recherche d’un pub-café-restaurant digne de ce nom au centre ville à la nuit tombée (18 heures) sous la pluie s’avère vaine. Tout cela pour finir à quelques centaines de mètres de notre chambre au pub le Stagecoach, « la diligence », où l’on a mangé nos premiers ribs du séjour sous des posters d’indiens et de cowboys.

4 avril Lesotho


Le backpackers propose une sortie d’une journée dans le Lesotho,  « dans un endroit très reculé du royaume ou il n’y a jamais de touristes », il faut le passeport puisqu’on passe une frontière internationale, on va emprunter la Monantsa Pass, au N-E du Lesotho, et c’est logique qu’il n’y ait pas de touristes puisqu’il n’y a aucun panneau qui signale ce passage transfrontalier que l’on rejoint après avoir traversé un interminable township qui correspond à l’ancien bantoustan du Qwa Qwa (à prononcer avec les clicks qu’ils utilisent dans les langues de la région) où le régime de l’apartheid avait parqué plus de 200 000 personnes dans un espace réduit et dénué de ressources bien sûr, pas très folichon comme coin. La route est en fait une piste de terre accroché aux flancs des montagnes qui mène à un poste frontière sud africain, et là on sent bien le décalage entre les deux pays, le poste sudaf est moderne, fonctionnel, avec des toilettes spacieuses et propres, etc., alors qu’il y a très peu de passage finalement. On nous tamponne un cachet de sortie du territoire et coté Lesotho, eh bien il n’y a pas de contrôle, le pays serait-il « ouvert », non, non, le guide explique qu’il y avait autrefois une barrière sur la route avec deux douaniers mais qu’ils ont finalement renoncé à conserver ce poste, nous serons donc des clandestins dans le pays, quelle aventure, et il ne faut surtout pas essayer de quitter le pays par une autre sortie avec un poste frontière car nous serions considérés comme des illégaux, j'envisage avec un mélange de sueurs fro et d'excitation un séjour dans les geôles  du Lesotho.
On commence par une visite à l’école du coin, et là je me crispe en attendant le récit et les clichés tire-larmes afin de nous soustraire quelque argent (ma cassette, ma cassette !) mais non, pas du tout, le directeur de l’école est sympa, il nous raconte l’histoire de l’école, propose à la vente des objets artisanaux du coin et remercie les gars du backpackers de l’aider à construire quelques nouvelles salles de classe, une partie du prix de la sortie est consacrée à cela. On grimpe un peu à pied, les vues sont vraiment superbes et on croise tous les clichés touristiques du Lesotho, des personnes  enveloppées dans des couvertures bariolées, des cavaliers, l’office du tourisme les aurait-t-il placés là sur notre passage, des huttes rondes, etc.
On regarde quelques peintures rupestres San, bien abimées et on redescend au village gouter une bière d’ananas, pas terrible comme tous ces alcools à fermentation rapide. On goute aussi au plat local : le « pap » (du sosso mais) accompagné de feuilles cuites en sauce correspondant  à nos brèdes réunionnaises, c’est très bon. Il y a quand même une minuscule boutique/bar avec « be disarmed »peint sur la tôle au dessus de la porte comme dans un saloon du Far West où on peut acheter la bière du Lesotho : la Maluti.




3 avril 2011 Jo'burg-Drakensberg

(3 avril 2011) A l’aéroport de Johannesburg, passage rapide, efficacité et amabilité des administrations sudafs comme d’habitude (ça change de Maurice, Mada ou La Reunion), acheté un téléphone portable, une voiture nous attend, c’est une Chevrolet, ouaaahhh, je me souviens de la vieille Chevrolet Corvair que mes parents avaient à Madagascar quand j’étais gamin, la grande classe…
Mais de nos jours Chevrolet fait aussi des modèles pot de yaourt, comme la Spark en Afrique du Sud, fin du rêve américain. Elle est très bien cette « Chevy », elle a quatre portes et nos deux sacs rentrent dans le coffre, à l’abri des regards et de la convoitise de notre prochain.

A gauche, à gauche, bon sang, ne pas oublier de rouler à gauche en sortant de l’aéroport et en avant pour les grands espaces, mais avec seulement quelques heures de sommeil la nuit dernière, les grandes lignes droites sont hypnotisantes, vos yeux sont lourds, … keep left, keep left, keep left.
On arrive dans le Drakensberg par le nord, c’est grandiose, on dort face aux remparts qui marque la frontière du Lesotho, « the Mountain Kingdom »